Παρασκευή 5 Δεκεμβρίου 2014

Résumés ΚΕ 4-5 [2014]

Franz Schultheis
En étudiant Weber et en allant au-delà de celui-ci: la théorie de Pierre Bourdieu en matière de champ religieux

Au moment même où Pierre Bourdieu vit une conversion biographique profonde de philosophe normalien en ethnologue et sociologue de terrain durant ses années en Algérie, il rencontre la sociologie religieuse de Max Weber qui restera pour lui une référence-clé. De retour en France grâce au soutien de Raymond Aron, il enseignera la sociologie à l’Université de Lille et, au lieu de faire un cours sur Durkheim, qui aurait eu sa préférence, Aron le pousse à enseigner la sociologie wébérienne. Comme nous le raconte Bourdieu ca sera pour lui un moment décisif, étant donné qu’il découvrira dans la sociologie religieuse de Weber les structures élémentaires de la théorie des champs qui accompagnera le développement de sa théorie du monde social durant les décennies à suivre.
Le champ religieux deviendra paradigmatique pour l’ analyse d’ autres champs sociaux tels que le champ artistique ou le champ académique en offrant a Bourdieu les perspectives théoriques et les outils analytiques permettant a comprendre et faire comprendre les dynamiques sociales caractéristiques de tous les champs, a savoir la concurrence autour du monopole de définition légitime des enjeux propres du champ, l’existence d’un capital spécifique autour duquel cette lutte tourne, dans le cas du champ religieux il s’agit du capital religieux appelé «Heilsgut» par Weber, et la production d’une croyance collective dans l’ existence du champ, son «illusio» spécifique. Néanmoins, si Bourdieu doit a Weber l’inspiration théorique de départ, il commencera aussitôt à s’en émanciper et a aller au-delà des limites du paradigme wébérien qui, selon lui, reste enferme dans une vision trop interactionniste du champ religieux tandis que la perspective développe par Bourdieu insistera sur le caractère «objectif» des structures sociales sous-jacentes a tous les champs du monde social.

Patrick Champagne
La notion de «champ» chez Bourdieu et son application à l’analyse des medias

Après avoir présenté et discute la théorie des champs de Bourdieu, l’auteur montre que l’autonomie du champ journalistique est une autonomie sans cesse menacée parce qu’elle est la résultante, incertaine et instable, de principes de légitimité incompatibles qui sont en lutte, ou du moins en concurrence, pour s’imposer dans l’espace du journalisme. Celui-ci, en effet, se caractérise par une triple polarisation (politique, économique, déontologique), les journaux et les journalistes à l’intérieur des journaux, devant composer entre ces diverses exigences comme on le voit particulièrement dans les grands medias audiovisuels. Il n’y a pas, en effet, de principe de légitimité proprement «journalistique» parce que les journaux se fabriquent, dans des proportions variables, avec de l’économie, sont partie prenante au jeu politique et, pour être crédibles, doivent respecter un certain nombre de règles professionnelles (codes de déontologie invoques dans les colloques plus que mis en pratique sur le terrain). Si les changements de ligne éditoriale des journaux sont fréquents, c’est parce qu’ils sont la conséquence du fonctionnement du champ journalistique caractérise par un glissement général et permanent vers le pole économique.

Nikos Panayotopoulos
Le concept de champ et le mode de pensée relationnel

Ce texte se propose de démontrer que le concept de champ, a l’instar des autres concepts qui constituent le noyau de la sociologie de Pierre Bourdieu (habitus, capital, espace social, violence symbolique, etc.), représente des programmes de recherche respectifs, susceptibles d’engendrer des raisonnements cohérents sur la réalité sociale. L’auteur s’efforce de démontrer, d’un point de vue pratique, la contribution de ce mode de pensée relationnel, que le concept de champ présuppose, sur la production de nouvelles assertions scientifiques au-delà des contextes empiriques spécifiques de leur production initiale ou, plutôt, de confirmer, en mettant l’accent sur le concept de champ, que la théorie des champs, telle qu’elle est élaborée par Pierre Bourdieu, fonctionne comme une mise en action contrôlée de principes épistémologiques de construction d’objets sociologiques et «se nourrit de la confrontation a de nouveaux objets empiriques». Dans une telle perspective, l’auteur utilise le concept de champ comme un outil de travail susceptible de contribuer a la constitution d’une véritable économie des phénomènes de la domination symbolique internationale.

Anna Boschetti
Les travaux sur le champ littéraire: enjeux, acquis, perspectives

Εn présentant quelques apports des travaux que Bourdieu a consacre a la littérature, le texte essaie de montrer que son œuvre fournit des instruments précieux pour la confrontation entre disciplines, car c’est un mode de pensée systématique qui, applique a des objets très hétérogènes, permet des transferts méthodiques de problèmes et de notions.

Pierre Bourdieu
Le champ scientifique

Le champ scientifique univers apparemment pur et désintéressé de la science est un champ social comme un autre avec ses rapports de forces et ses monopoles ses luttes et ses stratégies, ses intérêts et ses profits. Espace de jeu qui a pour enjeu spécifique la lutte pour le monopole de l’autorité scientifique (prestige, reconnaissance, célébrité, etc.), le champ scientifique doit l’essentiel de ses caractéristiques au fait que les producteurs tendent a n’avoir autres clients possibles que leurs concurrents directs qui sont de ce fait les moins enclins a accorder sans discussion ni examen une valeur scientifique aux produits offerts. La lutte dans laquelle le chacun des agents doit s’engager pour imposer la valeur de ses produits a toujours pour enjeu le pouvoir d’imposer la définition de la science la plus conforme a ses intérêts particuliers, la définition de l’enjeu de la lutte scientifique faisant partie des enjeux de la lutte scientifique. Et la forme que prend cette lutte pour la légitimité scientifique dépend de la structure de la distribution du capital spécifique de reconnaissance scientifique entre participants a la lutte: l’histoire des sciences tend a montrer que, a mesure que les ressources scientifiques accumulées s’accroissent, la compétition scientifique tend a revêtir la forme d’innombrables petites révolutions permanentes plutôt que celle de grandes révolutions périodiques, la différence entre stratégies de conservation des dominants et stratégies de subversion des nouveaux entrants («les prétendants») tendant a s’affaiblir. On voit que la question fondamentale qui se pose alors à la sociologie scientifique de la science consiste à définir les conditions sociales qui doivent être remplies pour que s’instaure un jeu social ou l’idée vraie soit dotée de force parce que ceux qui participent ont intérêt a la vérité au lieu d’avoir, comme en d’autres jeux, la vérité de leurs intérêts. Selon le degré d’autonomie du champ par rapport aux déterminations externes, la part de l’arbitraire social qui se trouve englobée dans le système des présupposes constitutif de la croyance propre au champ considère peut être plus ou moins grande. Le progrès vers l’autonomie réelle qui est la condition de l’instauration des mécanismes constitutifs d’un champ scientifique auto-règle et autarcique se heurte, dans le cas des sciences sociales, a des obstacles inconnus ailleurs.

Pierre Bourdieu
La représentation politique: éléments pour une théorie du champ politique

La tendance a la concentration du capital politique est d’autant plus grande dans une organisation représentative que les groupes représentes sont plus dépossèdes de capital, spécialement culturel. L’autonomie du champ politique, qui va en s’accroissant avec le développement d’organisations permanentes de professionnels, fait que les prises de position des agents se déterminent d’abord par rapport a l’univers des prises de position concurrentes: par suite, la correspondance entre les mandataires et les mandants repose moins sur la transaction directe que sur l’homologie entre la scène politique et le champ de la lutte des classes dont elle est la representation. Dans la lutte qui se deroule sur la scene politique, les professionnels ont un poids politique proportionne a leur pouvoir de mobilisation, c’est-a-dire au credit et a la croyance qu’ils recoivent soit directement de leurs mandants, soit des appareils qui les investissent dans la mesure ou ils investissent en eux. Tout un ensemble de facteurs tend a faire que les organisations representatives des classes dominees sont vouées a fonctionner comme appareils (ou comme institutions totales), la militarisation des militants n’étant que l’exploitation systématique des tendances objectivement inscrites dans la relation entre les classes dominées et les partis et dans la logique du champ politique.

Pierre Bourdieu
La force du droit: éléments pour une sociologie du champ juridique

Une sociologie rigoureuse du droit se distingue de ce que l’on appelle d’ordinaire la «science juridique» en ce qu’elle prend cette dernière pour objet. S’arrachant a l’alternative du formalisme, qui affirme l’autonomie absolue de la forme juridique par rapport au monde social, et de l’instrumentalisme, qui conçoit le droit comme un reflet ou un outil au service des dominants, elle fait apparaitre ce que ces deux visions antagonistes, internalise et externalise, ont en commun d’ignorer, a savoir l’existence d’un univers social relativement indépendant par rapport aux demandes externes, a l’intérieur duquel se produit et s’exerce l’autorité juridique, forme par excellence de la violence symbolique légitimé dont le monopole appartient a l’État. Le contenu pratique de la loi qui se révèle dans le verdict est l’aboutissement d’une lutte symbolique entre des professionnels dotes de compétences inégales. La constitution d’une compétence proprement juridique, (inséparablement technique et sociale), entraine la disqualification du sens de l’équité des non-spécialistes. Ce décalage entre la vision vulgaire du justiciable, c’est-a-dire du client, et la vision savante de l’expert, juge, avocat, conseiller juridique, etc., est constitutif d’un monopole. Il résulte de la structure et du fonctionnement même du champ ou s’impose un système d’exigences spécifiques dont le cœur est l’adoption d’une posture globale, visible notamment en matière de langage. Le droit est sans doute la forme par excellence du pouvoir symbolique de nomination et de classement qui crée les choses nommées et en particulier les groupes. Il n’est pas trop de dire qu’il fait le monde social, mais a condition de ne pas oublier qu’il est fait par lui.

Maurice Godelier
Quels rapports sociaux font d’un ensemble d’individus et de groupes une société?

L’idée principale du texte est que seuls les rapports politico-religieux instaurent et légitiment la souveraineté territoriale d’un nombre donne de groupes sociaux et que seuls ces rapports sont en mesure de faire de ces groupes de véritables sociétés historiques. Cette thèse réfute l’idée, partagée par la plupart des anthropologues, selon laquelle les rapports de parente constituent le fondement de la société.

Bernard Vernier
La transformation des formes de flirt dans six villages musulmans de Grèce

Les jeunes de certains villages musulmans de Grèce, ont pris l’habitude de se rencontrer chaque jour en plein air, durant une heure, pour flirter. Il s’agit, ici, d’expliquer la diversité des formes structurales de ces rencontres dans six villages qui ne sont pourtant jamais distants de plus de 30 km les uns des autres, leur évolution sur 13 ans et l’absence de cohérence interne de chaque rencontre sous le rapport des différents traits pertinents retenus: moment de la rencontre (de jour ou de nuit), habits féminins (plus ou moins traditionnel), type de communication entre les jeunes (par les yeux, les gestes ou la parole), etc. Il apparait alors qu’une étude d’ethnographie historique et comparative peut fonctionner comme un véritable dispositif d’expérimentation scientifique permettant de découvrir des vérités anthropologiques a caractère général.

Agnès Fine, Véronique Moulinié & Jean-Claude Sangoï
De mère en fille: la transmission de la fécondité

Des enquêtes récentes menées en France mettent au jour le sentiment de honte éprouve par des femmes qui furent enceintes a un âge considère par elles et leur entourage comme trop tardif. Il témoigne de l’existence de normes implicites sur l’âge adéquat pour procréer et d’un véritable interdit pour les femmes d’être mères à nouveau lorsqu’elles sont en âge d’être grands-mères. Rédige par trois chercheurs, anthropologues et démographes, cet article montre comment ces normes concernent la question de la succession des générations, en particulier celle du transfert du pouvoir génésique de la mère à sa fille. L’analyse se nourrit de plusieurs sources et, notamment, de la comparaison avec les pratiques et les croyances étudiées par les ethnologues dans les sociétés africaines contemporaines et passées. A l’aide des sources et des outils de la démographie historique, l’article révèle l’existence de cet interdit et sa fréquence dans deux régions rurales du sud-ouest de la France au XIXe siècle. Les auteurs s’interrogent sur la persistance et les transformations actuelles de ces normes implicites, puis concluent sur les pistes nouvelles qu’ouvre cette recherche pour la démographie historique et, plus généralement, sur les orientations théoriques en sciences sociales.

Robert Castel
La «guerre a la pauvreté» aux Etats-Unis: le statut de l’indigence dans une société d’abondance

C’est cette liaison organique entre la dénégation politique d’un statut de la pauvreté et l’inflation des techniques psychologisantes au niveau de sa prise en charge que l’on s’efforce d’élucider à travers l’examen des différentes politiques assistancielles qui se sont succédé aux Etats-Unis depuis un siècle. Si presque toutes les institutions américaines spécialisées dans la gestion de la pauvreté (y compris les récentes bureaucraties fédérales) fonctionnent en dernier recours a la psychologie, c’est qu’elles fondent leur travail sur une définition de l’assiste auquel un statut social est refuse d’emblée.

Robert Boyer
Sept scenarios pour l’avenir de l’Union Européenne

Les difficultés rencontrées pour surmonter la crise de la zone euro, ouverte au printemps 2010, tiennent à l’insuffisance de la gouvernance économique instituée par les traites européennes: finance internationale, Conseil Européen, gouvernements des pays membres, Banque Centrale Européenne et Commission Européenne poursuivent des objectifs qui s’avèrent incohérents, alors que manquent les instruments d’une réponse coordonnée. S’ouvrent ainsi divers scenarios en fonction de l’acteur collectif qui parviendra à imposer ses vues et resynchroniser les divers outils de la politique économique. Depuis juillet 2012, c’est la BCE qui impulse des reformes visant à restaurer la confiance en l’avenir de l’Euro (scenario 1). Cependant une telle stratégie n’est pas conforme à la vision allemande d’un fédéralisme reposant sur des règles excluant toute solidarité et transferts durables entre pays (scenario 2). Mais ce projet a pour conséquence d’exacerber la différence des trajectoires entre Europe du Nord et Europe du Sud, au point de pouvoir déboucher sur un fractionnement de la zone Euro (scenario 3). Le rejet par les opinions publiques nationales de la discipline européenne est susceptible de déboucher sur une politique du chacun pour soi, du nationalisme et du protectionnisme (scenario 4). Face à ce risque, le gouvernement britannique serait en position de proposer un retour à une simple zone de libre échange et d’une Europe à la carte, sans intégration politique (scenario 5). La réponse des fédéralistes serait alors de promouvoir un approfondissement sans précédent de la démocratie à l’échelle européenne (scenario 6). Faute de succès de l’une ou l’autre de ces stratégies, il se pourrait que le dernier mot appartienne à la finance internationale qui déclencherait a nouveau la tempête par une flambée des primes de risque (scenario 7). Ces scenarios ne s’excluent pas l’un l’autre car ils ont de grande chance de se succéder et de s’hybrider. Une incertitude radicale prévaut qui déjoue toute prétention de prévision.

Fréderic Lebaron
Pourquoi l’austérité tue: les conséquences des politiques d’austérité en Europe depuis 2010

Les conséquences sociales des politiques d’austérité en Europe sont un enjeu démocratique de première importance. La mise en place d’une évaluation scientifique des politiques publiques indépendante peut seule permettre de déterminer précisément la part des responsabilités dans l’accroissement des souffrances sociales. L’ouvrage de David Stuckler et Sanjay Basu The Body Economic illustre une des premières réalisations de grande ampleur du projet consistant à mesurer empiriquement, sur la base de méthodologies modernes, les effets des politiques d’austérité en réponse aux crises. A partir de plusieurs périodes historiques, ils concluent a leur grande nocivité pour la sante des populations.

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